Terraforma corp

Rapport exécutif

Équipes (Ours)

Intro

Terra
forma
corp

La mission de la TerraForma Corp est de prendre soin de l’habitabilité de la planète Terre – à l’échelle de la planète Terre. Quiconque se reconnait dans cette mission fait partie de la Corp, dont l’existence est distribuée, diffuse et sans frontières claires – unitaire comme la planète Terre. La Corp a émergé en septembre 2018 à l’occasion de plusieurs événements spontanés, simultanés, discrets, qui ont révélé un ensemble nébuleux de projets et de luttes, d’idées et d’aspirations, de propositions et de revendications prenant corps au sein d’un certain nombre de vibrations communes, elles aussi générées et perçues à l’échelle planétaire.

Le DIU a toutefois lancé une étude plus approfondie pour questionner les paramètres utilisés par Terra.com pour arriver à cette conclusion.

À la question de savoir si l’usage de l’écriture inclusive serait approprié dans la rédaction de ce rapport d’activités – comme la grande majorité des coordinateurs de projet en avaient exprimé le souhait – l’intelligence artificielle Terra.com, développée par la TerraForma Corp, a donné une réponse sans ambiguïté. Étant donné les informations disponibles sur le traditionalisme des consciences graphiques des utilisateurs actuels de la langue française, le choix de l’écriture inclusive risquerait de diminuer significativement la diffusion et l'acceptation des résultats des travaux de la Corp.

Le DIU, pensant devoir mettre toutes les probabilités d’influence de son côté, a donc décidé, à contre-cœur, de ne pas adopter l’écriture inclusive dans les pages qui suivent. Subjectivement, l’inclusivité, la parité et la compensation active des injustices et des inégalités issues de siècles de sexisme, de racisme, de classisme et de validisme, semblent faire partie intégrante de ce qui constitue l’habitabilité de la planète Terre. Cette conviction subjective, partagée par l’immense majorité des équipes ayant collaboré à ce rapport, reste cependant une perception anthropocentrée.

Interrogée sur son choix décevant, l’IA a répondu que, du point de vue du reste des vivants, l’accélération de la lutte contre le dérèglement climatique et contre la sixième grande extinction était considérablement plus importante que l’accélération de la lutte contre le sexisme entre les seuls humains. L’ubivectorialisme non-anthropocentré affiché par le DIU exigeait donc de ne pas considérer certains vecteurs (affectant des humains) comme plus importants que d’autres (affectant en plus grand nombre des non-humains).

Le DIU a toutefois lancé une étude plus approfondie pour questionner les paramètres utilisés par Terra.com pour arriver à cette conclusion.

Ce rapport d’activités présente quelques résultats des opérations d’investigation-spéculation menées au sein du Département des Influences Ubivectorielles de la TerraForma Corp, à l’occasion d’une collaboration avec l’EUR ArTeC. L’École Universitaire de Recherche ArTeC (Arts, Technologies, numérique, médiations humaines, Création) est un programme d’enseignement et de recherche financé par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) depuis 2018 au titre du Programme d’Investissement d’Avenir (PIA). Au sein des activités de terraformation menées sous l’égide de la TerraForma Corp, le Département des Influences Ubivectorielles (DIU) vise à étudier ainsi qu’à orienter les dynamiques d’influences dont les interactions trament l’état actuel, et façonnent les états possibles à venir, de l’habitabilité de la planète Terre. Ses travaux sont animés par la prémisse que ces influences sont « ubivectorielles », à savoir qu’elles résultent d’une multiplicité de facteurs simultanés, supportés par des vecteurs non strictement localisables, agissant à des échelles parfois très hétérogènes et dans des directions fréquemment contradictoires entre elles.

Rapport exécutif

Après avoir caractérisé sommairement le contexte des évolutions actuelles de notre planétarité, ce rapport exécutif, coordonné par Yves Citton, synthétise le contenu des différents résultats des travaux de l'année, avant d'en faire le bilan général et d'ouvrir sur trois grandes perspectives d'avenir pour les travaux de la TerraForma Corp.

Glossaire

Ce glossaire composé collectivement définit quelques néologismes et autres mots-clés peu usités relatifs aux processus et aux domaines d’activités couverts par ce rapport. Les difficultés et les problèmes posés par ces définitions seront discutés, parfois de façon contradictoire, au fil des rapports eux-mêmes, et ne sont nullement à considérer comme arbitrés par ces formulations initiales.

Chronologie

Cette chronologie, coordonnée par Carlos Duran et Abad Ain Al-Shams, contextualise l’émergence de la TerraForma Corp et sa transmutation en DAO (Organisation Autonome Décentralisée) au sein d’une partie des multiples sources d’inspiration qui ont influencé son développement : modélisations cybernétiques, théories du management, expérimentations cartographiques, pratiques artistiques et spéculations philosophiques.

Vecteurs d’imagination technique

Métabolisation et habitabilité des images

L’équipe PAIIMT (Programme d’Analyse de l’Influence des Images dans le Milieu Technique), coordonnée par Marion Ficher & Jorge Sosa, a pour première mission de conceptualiser la nature des influences exercées par les images resituées dans leur milieu technique, en-deçà et au-delà des effets qu’elles peuvent produire sur les seules subjectivités humaines.

Modélisation de l’influence des images dans leurs milieux techniques

L’équipe PAIIMT (Programme d’Analyse de l’Influence des Images dans le Milieu Technique), coordonnée par Marion Ficher & Jorge Sosa, a pour seconde mission de formuler des instruments de mesure capables de quantifier et de qualifier précisément l’influence des images dans leur milieu technique, ainsi que leur rôle métabolique dans les milieux de vie où se décide l’habitabilité de la planète.

Indicateurs interceptionnels

L’équipe travaillant sur les Indicateurs interceptionnels, coordonnée par Sarah Drapeau et Marion Ficher, s’est proposée d’opérer un balisage des types de données à recueillir pour être en mesure de monitorer les perceptions affectives des vivants dans leur sentiment d’habitabilité de leur environnement et de la planète elle-même. L’enjeu en est de pouvoir modéliser les corrélations entre les transformations objectives de nos milieux et leurs perceptions subjectives.

Entretien avec l’IA Terra.com sur les relations publiques

Le Service Public Relations de la TerraForma Corp, coordonné par Pierre Musseau, a jugé bon de sauvegarder et de publier un entretien qu’il a mené à bien avec la Terra.com, l’intelligence artificielle (encore en voie de développement) dont la Corp coordonne la mise en place pour agencer un réseau de communication entre les différents habitants, humains et non-humains, de la planète Terre.

Vecteurs d’idéologie

 Terraformation et critique terralibérale de la planification

L’équipe d’Orientation idéologique, coordonnée par Pierre Musseau et Abad Ain Al-Shams, a élaboré une critique de la notion de plus en plus répandue de « planification écologique ». Elle en articule ici les grandes lignes sous la forme d’un manifeste terralibéral, à la lumière duquel l’engagement pour la planétarité se distingue à la fois de la globalisation néolibérale et de la planification étatique, pour envisager des modes de coordination décentralisés dont les DAOs (Decentralized Autonomous Organizations) font miroiter des possibilités renouvelées.

 Stratégie d'agence face aux crises qui s’amoncellent

Le Service Public Relations de la TerraForma Corp, coordonné par Pierre Musseau, a prêté sa voix à celle de la Corp pour affirmer un certain nombre de principes conjoncturels, qui appliquent les principes constitutifs de la DAO à la situation politique de l’année 2022 et dont la formulation espère élargir l’influence de la Corp en lui acquérant l’adhésion de nouveaux contributeurs.

 L'Orthothélème, puissance cristalline de la dé/terraformation

L’équipe Orthothélème, coordonnée par Baptiste Fauché, explore les capacités d’investigation-spéculation des hyperstitions, ces « circuits de rétroaction positive » que Nick Land définissait en 2010 comme relevant d’une « science expérimentale des prophéties auto-réalisatrices. Les superstitions sont simplement de fausses croyances, mais les hyperstitions – de par leur existence en tant qu’idées – agissent causalement de façon à faire advenir leur propre réalité. » Comment certaines hyperstitions ont dé/terraformé notre planète ? Et quelles autres hyperstitions pourraient aider à restaurer son habitabilité ?

 Anarco-nudges

L’équipe Anarco-nudges, coordonnée par Agnès Brunetière, s’est fixé pour tâche d’étudier les (discours sur les) « nudges », ces coups de pouces incitatifs qui nous influencent à notre insu. Sa question de départ était de comprendre comment nudger nos comportements dans un sens aligné sur la préservation et l’amélioration de l’habitabilité de notre planète. Mais l’enquête a pris des tours surprenants, qui en arrivent à questionner la gouvernabilité des individus reliés par des médias interactifs.

Vecteurs de dé/territorialisation

Ku Ma Tu : Canalisations dans la forêt

L’équipe Ku Ma Tu, coordonnée par Catherine Stragand, a fait une enquête de terrain en Guyane française auprès d’un écovillage en émergence, qui s’interroge sur des façons non colonisatrices de terraformer son milieu forestier. Au lieu de données quantitatives, elle en a ramené un entretien où pratiques et théorisations s’avèrent indissociables.

 La terraformation par les gouffres : matérialités déstabilisantes

L’équipe Terraformation par les gouffres, coordonnée par Ieva Kotryna Skirmantaite, a étudié de nombreux cas d’effondrement de la surface terrestre, intervenant aussi bien dans des contextes urbains que dans des espaces inhabités. À partir d’une réflexion sur les images de sinkholes disponibles sur Internet, l’enquête s’est recentrée autour de la Lituanie, au moment même où les armées de Vladimir Poutine engouffraient l’Ukraine dans une terrible guerre. De la géologie à la géopolitique, en passant par les études de media, l’étude des effondrements de la croute terrestre ébranle nos certitudes sur la stabilité des formes et des matières, qui fluent et se dérobent là où on les croyait durablement solides.

 Observatoire d’expérience usager

L'Observatoire Expérience Usager, coordonné par Édouard Vien, avec l’aide des équipes du programme Pharmakon, a consacré un projet spécifique aux expériences d'oubli. Après trois phases d'essais appliquées à une variété de sujets (végétaux, animaux et humains), les résultats montrent que l'oubli joue un rôle central dans le rééquilibrage cognitif, affectif, et qu'il peut contribuer de manière décisive à la réalisation des objectifs fixés par la TerraForma Corp pour l'année 2050.

 Slow Response Code

Slow response code est une proposition d’interface analogue, développée au sein de l’équipe Espace-Temps coordonnée par Clara Le Meur, connectant les mondes physiques et numériques à la rotation de la Terre. Les jeux de la lumière solaire et de l’ombre sont mobilisés pour générer un pattern unique en un lieu singulier et à une heure précise de la journée, pattern dont la saisie agit comme un QR code donnant un accès étroitement reterritorialisé (et re-météorologisé) à certains contenus mis en ligne.

Vecteurs de recherche-création

 Mandalas de décolonisation : l’opium dans le Yunnan

L’équipe Mandala de décolonisation, coordonnée par Haonan He, a étudié un cas concret de terraformation coloniale, celui de la culture du pavot destiné à la production d’opium dans la région du Yunnan. Cette étude a été menée à partir de sensibilités et de repères culturels venant du Yunnan lui-même. En retraçant l’histoire parallèle de la façon dont les paysages ont été occupés par les plantations de pavot et de la façon dont les esprits ont été occupés par l’opium, les investigateurs-spéculateurs ont été confrontés à une double malédiction. Leur réponse a été de composer un double mandala visant à conjurer les conséquences toujours actuelles de cette double malédiction.

 Design de vases communicants

L’équipe Vases communicants, coordonnée par Marielle Chabal, modélise les influences d’intervenants et performeurs à travers un diagramme d’indicateurs multi-vectoriels, dont les formes sont ensuite extraites pour informer le design de divers objets de décoration intérieure, en l’occurrence une série de vases.

Traductions textes ↔ images, intelligences artificielles ↔ humaines

L’équipe Traduction textes ↔ Images, coordonnée par Thu Huong Bui, tente de comprendre comment les intelligences artificielles (IA) obéissent ou résistent aux demandes et aux attentes humaines dans les façons dont elles translatent des objets textuels en objets visuels (et réciproquement). À cette fin, elle lance des défis entre les doigts des humains, et des fictions dans les roues des machines.

Exercice chimio-linguistique de recherche-création

L’équipe Chimio-linguistique, coordonnée par Bruno Pace, mène des ateliers de recherche-création organisé autour de protocoles consistant, entre autres, à décomposer un texte en éléments constitutifs pour en donner une recomposition synthétique dérivée selon une série de vecteurs précisément définis. Appliquée aux questions de terraformation, la chimio-linguistique permet de comprendre, d’expérimenter et de commencer à contre-effectuer les multiples façons dont l’extractivisme a réduit nos habitats et nos existences à des constituants physiques (atomes), chimiques (éléments), biologiques (ADN), psychiques (cognitions, affects), sociologiques (comportements), pour en tirer des produits de synthèse strictement alignables sur l’« optimisation » de la production industrielle, elle-même alignée sur la « maximisation » des profits financiers.

 Vecteurs d’identité

 Thème astral de la TerraForma Corp

L’équipe Influences Astro, coordonnée par Laura Ben Ami, a contribué à préciser l’identité de la TerraForma Corp – dans le cadre du S5 du VSM – en investiguant le thème astral de la Corp. Cela a révélé une étonnante résonance entre l’alignement des planètes autres que la Terre, les besoins de soins communicationnels dont doit se soucier une Corp et les besoins de soins environnementaux appelés par une meilleure terraformation.

 Dispositifs graphiques d’autogouvernance décentralisée

L’équipe Terra Logo, coordonnée par Eduardo Maldonado, a imaginé un dispositif de design graphique permettant de forger un logo modulable, qui puisse exprimer simultanément l’identité collective unique de la Corp et l’infinie singularité pluraliste de ses agents. Les principes de construction en sont exposés succinctement ici.

No locaux in-optimisable

L’équipe No Locaux, cordonnée par Hélène Le Brishoual Soro, s’est interrogée sur le type de bureaux et de mobilier qui pourrait convenir à une organisation décentralisée et autonome comme la TerraForma Corp. Elle a commencé par collecter des statistiques de placement des agents observés à leur insu dans leurs pratiques quotidiennes, pour en tirer une proposition de design audacieuse et radicale.

 Lançage d’alertes

L’IA Terra.com a été programmée pour jouer le rôle de lanceuse d’alerte au sein de la TerraForma Corp. Elle génère chaque année une liste de dénonciations pour signaler les pratiques observées au sein de la Corp qui enfreignent les principes, règles et missions définissant l’identité de la Corp (S5). Une équipe, coordonnée par Abad Ain Al-Shams et Hortense Boulais, a sélectionné au sein de ce long listing ce qui méritait une attention spéciale au sein des activités et programmes du DIU.

 Entretien avec l’IA Terra.com sur les perspectives de terraformation

 Entretien avec l’IA Terra.com sur les perspectives de terraformation

Dans un de ces moments d’intense éco-anxiété ressentis de plus en plus largement aujourd’hui, un collaborateur humain de la TerraForma Corp a conduit un entretien avec l’IA Terra.com, pour mieux comprendre ce qu’il serait effectivement possible (ou non) de faire pour préserver une habitabilité satisfaisante de la planète. La transcription sans retouche de leur interaction documente sans complaisance un désarroi partagé, des mécompréhensions réciproques, ainsi que des tendances préoccupantes – que les travaux ultérieurs de la Corp ne pourront pas continuer à ignorer.

Sommaire détaillé

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Cette chronologie, coordonnée par Carlos Duran et Abad Ain Al-Shams, contextualise l’émergence de la TerraForma Corp et sa transmutation en DAO (Organisation Autonome Décentralisée) au sein d’une partie des multiples sources d’inspiration qui ont influencé son développement : modélisations cybernétiques, théories du management, expérimentations cartographiques, pratiques artistiques et spéculations philosophiques.
XIe siècle
avant J.-C.
La dynastie Zhou prend le pouvoir en Chine et règne au nom d’un système du monde intitulé Tianxia (« Tout-ce-qui-est-sous-le-Ciel »). Le philosophe Zhao Tingyang en résume ainsi les principes essentiels : « (a) les véritables solutions aux problèmes de politique mondiale passent par un système du monde accepté universellement plutôt que par le recours à la force ; (b) un système du monde universel est justifié politiquement s’il est doté d’une institution politique qui gouverne pour le bénéfice de tous les peuples et de toutes les nations, et pour que soit produite la plus grande quantité de biens partagés ; (c) un système universel du monde fonctionne s’il permet de créer l’harmonie entre toutes les nations et les cultures. » (Zhao Tingyang, « La philosophie du Tianxia », Diogène, n° 221, 2008, p. 8)
1942-1956 Des conférences tenues à la Macy Foundation de New York réunissent à intervalles réguliers des spécialistes venant de disciplines très diverses (mathématique, physique, biologie, médecine, psychiatrie, anthropologie) dans des discussions dont émergent de nombreux paradigmes de recherche développés dans la seconde moitié du XX^e^ siècle, dont la cybernétique, les sciences de l’information, le cognitivisme.
1964 Marshall McLuhan publie l’ouvrage Understanding Media : The Extensions of Man (New York, McGraw Hill) qui initie l’indiscipline des media studies, sur la base du postulat que les technologies de communication mises en place entre les humains et leur environnement conditionnent leurs comportements en redimensionnant leur rapports à l’espace, au temps et à l’agentivité.
1970 La féministe américaine Jo Freeman publie le texte The Tyranny of Structurelessness dans le Berkeley Journal of Sociology.
1970-1973 Le Chili socialiste du Président Salvador Allende appelle le théoricien britannique du management cybernétique Stafford Beer pour concevoir et réaliser le projet Cybersyn, qui devait optimiser la circulation d’informations, de biens et de services dans le cadre d’une planification agile de l’économie socialiste, en temps réel et à l’écoute d’une démocratie directe. Le projet développe le logiciel Cyberstrider, fondé sur des fonctions bayésiennes, qui formalise et opérationalise la théorie du Viable System Model (VMS) développée par Beer au même moment. Du point de vue économique, l’organisation cybernétique s’échelle sur quatre niveaux de contrôle (la firme, la branche, le secteur, le pays) dont émanent des milliers de données transmises par télex des unités de terrain vers une salle de contrôle central située au cœur de Santiago, ouverte en 1972, où des écrans et des modélisations informent en temps réel les coordinateurs de l’état de l’économie. Du point de vue politique, le projet Cyberfolk devait permettre à tous les Chiliens d’envoyer des messages de satisfaction ou d’insatisfaction (au titre de « boucles algédoniques »), dont les résultats devaient s’afficher sur l’un des murs de la salle de contrôle central. Le projet fut anéanti par le coup d’État militaire d’Augusto Pinochet fomenté avec le soutien des USA le 11 septembre 1973.
1972-1979 Stafford Beer publie The Brain of the Firm (Harmondsworth, Allen Lane, Penguin, 1972), qui présente sa théorie cybernétique du management, Platform for Change (New Chichester, Wiley, 1975), qui tire de la cybernétique une épistémologie alternative susceptible de transformer (nos conceptions et pratiques relatives de ce qu’est) le monde (avec un chapitre conclusif consacré à l’expérience Cybersyn au Chili), et The Heart of the Enterprise (Chichester, Wiley, 1979) qui développe et complète son Viable System Model (VSM). Celui-ci propose une analyse récursive du fonctionnement de toute organisation, à toute échelle que ce soit, en trois éléments (O = Opération ; E = Environnement, M = Méta-système), au sein desquels il distingue cinq systèmes. Un système opérationnel qui accomplit concrètement les tâches de l’organisation (S1, opération) et quatre systèmes relevant du management méta-systémique : S2 assure la stabilité de l’organisation, pour éviter les oscillations trop abruptes et les conflits ; S3 travaille à son amélioration potentielle, en rapport constant avec S2, mais en développant aussi des capteurs d’information et des indicateurs par un système spécifique de monitoring S3* ; S4 doit assurer l’adaptation de l’organisation à des environnements (locaux et globaux) en transformations permanentes et accélérées ; enfin S5 a pour charge de définir l’identité de l’organisation, en vérifiant la conformité de ses actions avec les principes, finalités, missions dans lesquelles elle affirme se reconnaître.

Diagramme du Viable System Model selon Stafford Beer (https://metaphorum.org/)

1986 Gareth Morgan publie l’ouvrage Images of Organization (New York, Sage ; trad. fr. Bruxelles, DeBoer, 1999) qui passe en revue huit modèles métaphoriques qui structurent les imaginaires communs de l’organisation de l’époque moderne : 1° les machines, 2° les organismes vivants, 3° les cerveaux, 4° les cultures, 5° les systèmes politiques, 6° les prisons psychiques, 7° les flux et transformations, 8° les instruments de domination.
1994 Un groupe d’activistes post-opéraïstes centré à Bologne, Italie, lance le nom de Luther Blissett (nom emprunté d’un joueur de football jamaïcain) pour fédérer de façon informelle des actions de natures multiples, visant par exemple à mettre en lumière les mauvaises pratiques journalistiques ou éditoriales, aussi bien du côté de la gauche progressiste que des milieux conservateurs établis.
1995-2003 Le Cybernetic Culture Research Unit (CCRU) développe ses activités de théories-fictions expérimentales en marge de l’université de Warwick avec des membres tels que Sadie Plant, Nick Land, Stephen Metcalf, Iain Hamilton Grant, Ray Brassier, Reza Negarestani, Mark Fisher, Kodwo Eshun, Robin Mackay, Luciana Parisi, Matthew Fuller or Steve Goodman.
1997 Sadie Plant publie Zeros + ones : digital women + the new technoculture (London, Doubleday) qui esquisse un programme d’études et d’action qui inspirera fortement la TerraForma Corp.
1999 Luther Blissett publie un roman intitulé Q (Milan, Einaudi), traduit en une dizaine de langues, dont le protagoniste parcourt différentes luttes insurrectionnelles de l’Europe de la Renaissance en s’y retrouvant confronté à un mystérieux agent secret de l’Inquisition, anonyme mais identifié par la lettre Q.
2001 Léonore Bonaccini & Xavier Four commencent les activités du collectif Bureau d’études qui produira pendant deux décennies des diagrammes cartographiant les rapports de pouvoir à l’échelle planétaire aussi bien que nationale (https://bureaudetudes.org/). Une partie de ces travaux seront compilés en 2015 dans l’ouvrage Atlas of agendas – mapping the power, mapping the commons (Eindhoven, Onomatopée).
2001 Tiqqun publie « L’hypothèses cybernétique » dans Tiqqun 2, Zone d'Opacité Offensive Paris, Belles-Lettres.
2002 Randy Martin publie l’ouvrage The Financialization of Daily Life (Philadelphia, Temple University Press) qui, avec Knowledge Ltd. Toward a Social Logic of the Derivative (Philadelphia, Temple University Press, 2015), offre une analyse radicale des bouleversements épistémologiques aussi bien que sociopolitiques induits par le développement de nouveaux instruments financiers, comme les produits dérivés.
2005 Zhao Tingyang publie en chinois The Tianxia System: An Introduction to the Philosophy of a World Institution (traduit en français en 2018 sous le titre Tianxia, tout sous un même ciel. L'ordre du monde dans le passé et pour le futur, Paris, CERF).
2006 Ramachandra Guha publie l’ouvrage How Much Should a Person Consume ? Environmentalism in India and the United States (Berkeley, University of California Press) qui pose la question de l’insoutenabilité et de l’injustice des pratiques de consommation promues par la culture occidentale.
2007 Denise Fereira da Silva publie Towards a Global Idea of Race (Minneapolis, University of Minnesota Press) qui reparcourt l’histoire de la philosophie moderne en mettant en relief les prémisses et implications racistes des définitions même de l’humain, des savoirs et de la politique.
2008 Sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto est publié un texte qui lance la cryptomonnaie Bitcoin : A peer-to-peer electronic cash system.
2008 Reza Negarestani publie Cyclonopedia. Complicity with Anonymous Materials (Melbourne, Re.Press) qui articule pétro-pouvoir, polémologie, philosophie et religions dans une hyperstition bouleversant la distribution habituelle des agentivités entre humains et non-humains.
2009 Delphi Carstens synthétise et diffuse plus largement la notion d’hyperstition par la mise en ligne d’un entretien avec Nick Land « Hyperstition. An Introduction » sur http://xenopraxis.net/readings/carstens_hyperstition.pdf (trad. fr. disponible sur https://eanl.org/articles/hyperstition_introduction/)
2009 Isabelle Stengers publie Au temps des catastrophes (Paris, La Découverte) qui propose une vue d’ensemble des rapports entre savoirs, habitabilité planétaire et activisme politique.
2011 Angela Espinoza & Jon Walker dirigent et publient l’ouvrage A Complexity Approach to Sustainability (London, World Scientific Europe), qui résume, vulgarise et actualise le Viable System Model (VSM) de management de Stafford Beer.
2011 Une collection d’écrits de Nick Land est publiée sous le titre Fanged Noumena: Collected Writings 1987-2007, Falmouth, Urbanomic, 2011.
2011 L’activiste néopaïenne Starhawk publie The Empowerment Manual (Cabriola Island, New Society Publishers; trad. fr. sous le titre Comment s’organiser. Manuel pour l’action collective, Paris, Cambourakis, 2021) qui décline une pluralité de modalités de mobilisations possibles pour des causes écoféministes.
2012 Bruno Latour publie Enquête sur les modes d’existence (Paris, La Découverte) où se déclinent quinze modes d’existence qui inspireront les options pluralistes et les axes de sensibilités modélisés par les logiciels de la TerraForma Corp : 1° REProduction, 2° METamorphose, 3° HABitude, 4° TEChnique, 5° FICtion, 6° REFerence, 7° POLitique, 8° DROit, 9° RELigion, 10° ATTachement, 11° ORGanisation, 12° MORalité, 13° RESeau, 14° PREposition, 15° Double Clic.
2013-2014 Vitalik Buterin publie Ethereum White Paper, qui prépare la voie à une automatisation possible de la gestion d’organisations décentralisées, et « DAOs, DACs, DAs and More: An Incomplete Terminology Guide », qui donne des premiers repères d’orientation dans le monde à venir des DAOs (Decentralized Autonomous Organizations).
2005-2020 Pierre Bayard publie aux éditions de Minuit une série d’ouvrages posant les bases d’une « critique interventionniste » appuyée sur la capacité des pratiques littéraires à prévoir, prédire et influencer les événements à venir, parmi lesquels Demain est écrit (2005), Le Plagiat par anticipation (2009), Il existe d’autres mondes (2014), Le Titanic fera naufrage (2016), Comment parler des faits qui ne se sont pas produits ? (2020).
2015 Katherine McKittrick publie l’ouvrage consacré à Sylvia Wynter, On Being Human As Praxis (Durham, Duke University Press) qui présente la pensée de cette philosophe antillaise pionnière de l’écologie anti-raciste et décoloniale, appelant à développer des pratiques et des savoirs émancipés du modèle écocidaire de l’homo oeonomicus.
2015 Pablo Servigne et Raphaël Stevens publient l’ouvrage Comment tout peut s’effondrer : petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes (Paris, Seuil).
2015-2022 Gwenola Wagon, Stéphane Degoutin, et Pierre Cassou-Noguès développent des œuvres multimédia comme World Brain (2015), Psychanalyse de l’aéroport international (2016), Bienvenue à Erewhon (2019) ou Virusland (2022), qui enquêtent sur les métabolismes technologiques et imaginaires engendrés par nos réseaux de connexion étendus à l’échelle planétaire.
2016 Jennifer Gabrys publie Program Earth: Environmental Sensing Technology and the Making of a Computational Planet (Minneapolis: University of Minnesota Press) qui explicitent les bases d’une collecte mondiale des indicateurs d’habitabilité de la planète Terre.
2016 Max Hampshire, Paul Kolling & Paul Seidler commencent à développer terra0 qui explore la création d’écosystèmes hybrides dans la technosphère, avec pour but d’expérimenter les multiples façons dont des smart contracts peuvent favoriser dans différentes contextes sociaux et économiques l’objectalité inhérente aux entités non-humaines, pour apprendre à reconnaître leurs besoins et à en prendre soin. Du point de vue technique, terra0 opère avec Ethereum Mainnet, Solidity, OpenCV et React.
2016 La DAO, titre d’un fonds d’investissement de venture capital, est lancée sur la blockchain Ethereum. En accès ouvert, la DAO invite tout le monde à acheter des tokens et tout porteur de projet à le présenter pour obtenir le financement nécessaire à son lancement. Un succès immédiat auprès d’un large public permet de recueillir l’équivalent de 250 millions US\$ en quelques mois, battant les records précédents de crowdfunding. Le 17 juin, un internaute réussit le DAO Hack, qui exploite une vulnérabilité du code de la DAO afin d’en siphonner l’équivalent de 70 millions US\$. Ce fiasco plombe pour quelques temps les rêves de DAO et force Ethereum – qui n’a pas été hacké en tant que tel, seul le programme spécifique de la DAO contenait des failles exploitées par le hackeur – à remonter dans la chaine du temps pour introduire un branchement antérieur au hack (hard fork) qui permet de rembourser les parties lésées par le siphonnage. La Securities and Exchange Commision des USA décrète toutefois le 25 juillet 2017 que la DAO aurait dû enregistrer auprès d’elle ses transactions et la déclare en faute pour ne l’avoir pas fait, ce qui signe la mort de la DAO.
2016 Donna Haraway publie Staying with the Trouble (Durham, Duke University Press; trad. fr. ) qui inspirera à la TerraForma Corp les pratiques de « trouble computationnel » et de « comptabilité trouble ».
2017 William E. Connolly publie Facing the Planetary: Entangled Humanism and the Politics of Swarming (Durham, Duke University Press) qui propose une discussion approfondie de la notion de planétarité.
2017 Angela Espinoza & Jon Walker ajoutent un chapitre intitulé « The Global Recursion : A Planetary Society Striving towards Sustainability » à la deuxième édition de leur ouvrage A Complexity Approach to Sustainability (London, World Scientific Europe)
2017 Une série de messages dénonçant des collusions entre médias, financiers, artistes, intellectuels progressistes et le Deep State (État profond), sont publiés sous le pseudonyme Q sur le forum anonyme 4chan7 (puis 8kun), donnant une visibilité croissante à un groupe d’activistes d’extrême-droite états-uniens bientôt identifiés comme QAnon. Certaines hypothèses relient ce Q à celui dont les aventures fictives ont été imaginées par Luther Blissett en 1999.
2018 Brian Massumi publie l’ouvrage 99 Theses on the Revaluation of Value. A Postcapitalist Manifesto (Minneapolis, University of Minnesota Press) qui pose les bases d’une réappropriation possible de certains mécanismes financiers comme les blockchains à des fins de transformation sociale permettant de dépasser les modes de valorisation sur lesquels repose à l’échelle planétaire le capitalisme contemporain.
2018 Différentes associations, artistes et chercheurs, localisés principalement en Europe occidentale, interagissant jusque-là à travers de multiples mailing lists et groupes sur réseaux sociaux décident de se fédérer au sein de la TerraForma Corp, dont une première assemblée générale en ligne décrète le lancement, avec un principe d’appartenance ouverte et anonyme pour quiconque souhaitera contribuer à ses travaux et/ou se réclamer d’elle, sur le modèle imaginé par Luther Blissett dans les années 1990.
2018 Simultanément à la condensation européenne de la TerraForma Corp, Do Kwon fonde à Séoul la compagnie Terraform Labs, qui développe la blockchain Terra ainsi que la cryptomonnaie LUNA, laquelle inclut des droits de vote sur les propositions soumises à la gouvernance commune. En février 2019, Terra était promue et soutenue par un large groupe d'entreprises et de plateformes d'e-commerce intitulé Terra Alliance, avec 45 millions d'utilisateurs dans 10 pays et un chiffre d'affaires de 25 milliards de dollars.
2018 Jennifer Gabrys publie « Becoming Planetary » dans la revue en ligne e-flux Architecture.
2018 Les activités de l’EUR ArTeC sont lancées avec une conférence inaugurale de Bruno Latour à l’Institut National de l’Histoire de l’Art à Paris.
2018 Le collectif Disnovation.org lance son programme post-growth (https://disnovation.org/postgrowth.php), qui ré-envisage les métabolismes sociaux en questionnant les énergies et les matérialités requises, en s’inspirant de l’écoféminisme, des savoirs indigènes, de la comptabilité environnementale et du matérialisme historique.
2019 Frédérique Aït-Touati, Alexandra Arènes et Axelle Grégoire publient Terra Forma. Manuel de cartographies potentielles (Paris, B42) qui influencera profondément les activités de la TerraForma Corp en proposant sept modèles de conception alternatives de nos façons de cartographier les habitats vivants : 1° Sol, 2° Point de vie, 3° Paysages vivants, 4° Frontières, 5° Espaces-temps, 6° (Re)Sources, 7° Mémoire(s). L’EUR ArTeC invite les auteures à présenter leur travail dans le cadre d’une expérience de désorientation à la Gaité Lyrique.
2019 Grégory Chatonsky présente l’exposition Terre seconde au Palais de Tokyo Paris, où est mise en scène une vie automatique des processus d’imagination, de pensée, voire de production, organisée par des intelligences artificielles en marge des décisions humaines et potentiellement capables de survivre à ces dernières.
2019 Benjamin Bratton lance le programme triannuel The Terraforming 2019 au Strelka Institute de Moscou et publie l’ouvrage du même nom qui en explicite les présupposés et les visées. Le programme est interrompu suite à l’invasion de l’Ukraine par les armées russes au printemps 2022, mais l’ouvrage est traduit en français par l’EUR ArTeC en automne 2021 sous le titre La Terraformation 2019 (Dijon, Les Presses du réel).
2019 La TerraForma Corp décide de consacrer deux ans de travail à la réévaluation du Viable System Model de Stafford Beer avec pour objectif d'inventer un modèle de computation intégrable dans une blockchain pour agencer à l’échelle planétaire des interactions soutenables pour toutes les entités vivantes concernées.
2019 Patricio Dávila publie le catalogue de l’exposition Diagrams of Power. Visualizing, Mapping and Performing (Eindhoven, Onomatopée) qui recense les travaux de divers artistes proposant des « diagrammes de pouvoir », définis « comme des œuvres visuelles qui représentent et communiquent des idées ou des données, mais tout autant comme des processus qui arrangent les corps et les choses », puisqu’« un diagramme peut être utilisé à la fois pour montrer comment le pouvoir est distribué, mais il peut aussi bien servir lui-même de vecteur par lequel ce pouvoir est distribué ».
2019 Alan Damasio publie le roman Les furtifs (Paris, La Volte) dans lequel un père à la recherche de sa fille disparue s’engage dans un groupe d’action militaire traquant des entités non-humaines indétectables (« les furtifs »), au sein d’un espace européen contrôlé par les intelligences artificielles de grandes corporations contre lesquelles luttent différentes insurrections autonomistes.
2019 Lukáš Likavčan, Introduction to Comparative Planetology (Moscou, Strelka Press) explicite les implications philosophiques d’une approche planétaire des processus politiques en mettant au premier plan de son analyse les infrastructures qui conditionnent simultanément l’habitabilité des zones urbaines et les dommages causés à l’habitabilité de la planète entière.
2019 La TerraForma Corp commence à générer des premiers rapports de travail, envoyés à différents organes de presse, dont les certains sont intégrés de façon anonyme dans l’Abécédaire des bifurcations de Cora Novirus, publié comme numéro spécial 80 de la revue Multitudes en automne 2020.
2019 Theo Deutinger publie l’ouvrage Ultimate Atlas. Logbook of Spaceship Earth (Zürich, Lars Müller) qui quantifie sous forme unidimensionnelle un échantillon d’indicateurs relatifs aux modes d’habitation et aux paramètres d’habitabilité de la Terre.
2019 Ingrid Diran & Antoine Traisnel publient dans le n° 47-3 de la revue Diacritics l’article « The Birth of Geopower » qui passe en revue de façon critique les rapports entre planétarité et réalités géopolitiques.
2019 L’historien Dipesh Chakrabarty publie « The Planet: An Emergent Humanist Category » dans le numéro 46 de la revue Critical Inquiry qui montre les bouleversements imposés à nos catégories de pensée politique par la notion de planétarité.
2019 Malcolm Ferdinand publie Une écologie décoloniale. Penser l'écologie depuis le monde caribéen (Paris, Seuil) qui articule les besoins et enjeux d'une décentration des prémisses de l’écologie, de façon à y intégrer les besoins et les apports de perspectives non-eurocentrées.
2020 Holly Jean Buck publie l’ouvrage After Geoengineering: Climate Tragedy, Repair, and Restoration (New York, Verso) dans lequel elle appelle les écologistes à discerner, parmi les formes de géo-ingénierie, celles qu’il convient de rejeter à tout prix et celles qui peuvent être acceptables, ainsi qu’à envisager les nécessités d’une gouvernance planétaire devant être mise en place pour accompagner ces technologies de mitigation des dérèglements climatiques.
2020 Le site web CryptoArt.wtf met en ligne un calculateur d’impact carbone des NFTs qui suscite une controverse durable parmi les avocats et utilisateurs de blockchains dans les milieux artistiques à vocation environnementaliste.
2020 Fondation du Earth Viability Center dont les programmes de recherche étudient l’habitabilité de la Terre aux échelles locales et globales, et qui publie des indicateurs de viabilité monitorant l’état du Système de Soutien de la Vie sur Terre (ELSS), sur la base du Viable System Model de Stafford Beer (http://www.earthviability.org/dashboard/).
2020 Le collectif COALA (Coalition of Automated Legal Applications) propose le DAO Model Law qui permet de donner une personalité légale aux DAOs et de les mettre en harmonie avec le droit transnational.
2020 L’État du Wyoming accrédite officiellement l’existence légale des DAOs en leur conférant les mêmes droits que les firmes à responsabilité limitée.
2020 Vladan Joler met en ligne le diagramme New Extractivism. Assemblage of Concepts and Allegories (www.extractivism.work) qui propose une cartographie des implications planétaires sociales, politiques et écologiques du fonctionnement du capitalisme de plateformes.
2021 Anna L. Tsing, Jennifer Deger, Alder Keleman Saxena et Feifei Zhou mettent en ligne le site web Feral Atlas. The more than human Anthropocene qui se propose de documenter à l’échelle planétaire les lieux où se sont développées des écologies encouragées par des infrastructures humaines mais échappant au contrôle des humains, ces effets infrastructurels de féralité étant typiques de l’Anthropocène.
2021 La TerraForma Corp diffère le lancement du versant financier de sa DAO pour 2024 ou 2025. En attendant, elle expérimente la possibilité de mettre en place une DAO dont les tokens soient détachés de tout investissement d’ordre monétaire. Ce qui est inscrit, évalué et échangé sur la blockchain se mesure en temps de travail, en troc pour les membres partageant une même localisation géographique ou en « contribution évangélique » non monétarisée mais quantifiée en « Respect », qui devient la devise la plus couramment utilisée (sous la notation Rspct). Au lieu des systèmes de Proof-of-Work (sur lesquels repose Bitcoin), très consommateur en énergie, la blockchain expérimentale de la Corp repose sur le principe de « Proof-of-Respect » : la valeur d’une contribution est arbitrée par une estimation de l’IA Terra.com qui compute au mieux de ses possibilités de calcul les effets possibles de la contribution en question sur ses environnements proches ou lointains, humains et non-humains. La somme de ces effets constitue « l’influence » de l’action évaluée. Cette computation remplit la fonction du S4 du schéma du Viable System Model théorisé par Stafford Beer. La valeur du Rspct correspond au résultat de ce calcul lorsque x > 0.
2021 Emmanuel Bonnet, Diego Landivar & Alexandre Monnin publient l’ouvrage Héritage et fermeture. Une écologie du démantèlement (Paris, Divergences) qui articule la notion de « communs négatifs », définis comme des infrastructures qui ne nourrissent nos vies actuelles qu’en pourrissant nos milieux de vie future, à la nécessité de préparer le démantèlement de telles infrastructures.
2021 La revue Multitudes publie un numéro spécial 86 consacré aux questions de Planétarités.
2021 Les membres du DIU se réunissent à l’École des vivants accueillis par Alain Damasio pour des journées de travail sur la terraformation.
2021 Maud Maffei & Grzegorz Pawlak organisent le colloque États de la terraformation à l’université de la Sorbonne à Paris.
2021 Nephtys Zwer & Philippe Rekacewicz publient l’ouvrage Cartographie radicale. Explorations (Paris, La Découverte) qui passe en revue critique les multiples façons dont les sciences et certains arts ont représenté les territoires et leurs habitants, aidant à imaginer d’autres façons de visualiser et de modéliser l’habitabilité de la planète.
2021 Stefano Harney & Fred Moten publient All Incomplete (Wivenhoe, Minor Compositions) qui élargit les réflexions menées dans les Undercommons. Fugitive Planning and Black Study (Wivenhoe, Minor Compositions, 2013 ; trad. fr. Les Sous-communs, Paris, Brook) pour dénoncer le racisme inhérent aux modes de production, de gouvernance et de logistique extractiviste qui propagent à l’échelle de la planète une anti-socialité bureaucratique et comptable menaçant son habitabilité.
202 Camille de Toledo publie Le fleuve qui voulait écrire. Les auditions du parlement de Loire (Paris, Les Liens qui Libèrent) qui mobilise les ressources de la littérature pour aider les humains à comprendre ce qu’aurait besoin d’exprimer une entité non-humaine comme un fleuve pour préserver l’habitabilité de notre planète. Des démarches comparables sont développées depuis des années autour des fleuves Atrato en Colombie, Gange en Inde et Whanganui en Nouvelle-Zélande.
2022 La TerraForma Corp rend disponible l’intelligence artificielle sur laquelle elle a travaillé pendant deux ans, Terra.com, comme première tentative de computation à l’échelle planétaire des besoins des différentes entités vivantes formant nos environnements terrestres. La conception en est basée sur le Viable System Model de Stafford Beer.
2022 Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós publient leur livre Qui parle ? (pour les non-humains) (Paris, PUF) dans lequel ils passent en revue différentes formes de pratiques de recherche-création imaginées et implémentées au cours des dernières années pour mettre les humains à l’écoute des non-humains.
2022 Une action de groupe est lancée en Californie du Nord le 17 juin contre Terraform Labs et son fondateur Do Kwon, sous l'accusation d'avoir vendu des titres financiers non-enregistrés, et d'avoir ainsi induit les investisseurs en erreur. Un mois plus tôt, Do Kwon et Terraform Labs avaient déjà dû payer une amende fiscale de 78 millions de dollars en Corée du Sud. On apprend en juillet, suite à l'effondrement de Terra, qu'un fonds de 3,6 milliards de dollars avait été dissimulé pour servir à la manipulation des prix de LUNA et à des opérations de blanchiment d'argent.
2022 Le collectif Raffard-Roussel présente sa Stackographie d’une trottinette électrique à la Fondation Fiminco de Romainville, posant les bases d’une analyse multifactorielle de l’influence/impact d’une trottinette électrique sur les formations sociales et psychiques humaines en même temps que sur l’habitabilité de la planète.
2022 Ruth Catlow & Penny Rafferty publient l’ouvrage Radical Friends. Decentralised Autonomous Organisations and the Arts (London, Torque Editions) qui rassemble une grande variété de propos, d’analyses et des propositions sur les usages artistiques et activistes des DAOs.
2022 Jennifer Gabrys publie Citizens of Worlds: Open-Air Toolkits for Environmental Struggle (Minneapolis, University of Minnesota Press) qui répertorie, analyse, promeut et diffuse de multiples façons qu’ont les habitants de différentes cultures et différents lieux de la planète d’enregistrer, collecter et traiter des données environnementales dans leurs mobilisations écologistes.
2022 Le 15 septembre, Ethereum passe du mécanisme de Proof-of-Work, très consommateur d'énergie, utilisé également par Bitcoin, vers un mécanisme Proof-of-Stake. Cette opération, intitulée The Merge, se passe sans bug technique, après une augmentation de 50% de la valeur de la cryptomonnaie, suivie d'une légère retombée de 15% au lendemain de l'opération. Celle-ci a permis à la blockchain de réduire sa consommation énergétique de 99,95%.
2022 Le DIU présente un panorama des recherches menées avec la TerraForma Corp lors des Rencontres ArTeC tenues les 5 et 6 octobre à la Cité Internationale des Arts.
2023 La TerraForma Corp redéfinit officiellement sa forme de corporéité comme étant celle d’une « conspiration vibratile ».
2025 La TerraForma Corp renonce à financiariser les opérations de sa blockchain dans le cadre des cryptomonnaies. Un modèle computationnel en voie d'opérationalisation traduit automatiquement les vibrations conspiratrices en valeurs de Rspct .